Dans mon précédent article, je parlais de la relecture, étape essentielle dans mon processus de correction. Après de multiples décorticages du texte, il est temps à présent de rentrer dans le vif du sujet. Affutons nos stylos rouges (oui, je suis très scolaire) et c’est parti !
1ère étape : pointer les passages à réécrire.
Une fois que mon texte a été lu et (re)relu, rebelote parce que j’aime être maso, mais cette fois armée de mon stylo. Je commence à souligner, barrer, mettre des indications dans les marges au fur et à mesure de ma lecture. Je dégrossis le travail de réécriture selon un code qui m’est propre (ex : souligné = tournure de phrase à revoir, croix = détail à ajouter, parenthèse englobant le paragraphe = à réécrire etc. …), je taille dans le vif, je rature, je pleure, je surligne etc. … en me référant bien sûr à ma « to do list » de l’étape précédente. Les passages voués à réécriture sont les plus compliqués pour moi parce que ce sont souvent des pans entiers de texte, voire carrément des chapitres. A cette étape, je pointe vraiment le plus gros dans une perspective d’entonnoir : partir du plus général pour arriver au plus particulier. A côté de cela, je me fais un « plan » sur Scrivener, sur lequel je note les principales idées de chaque chapitre et les modifications à y apporter. Une fois terminé, je relis mon plan, pour voir si avec toutes ces modifications le roman tient encore la route.
J’aime dire qu’écrire un roman, c’est comme dessiner : on fait d’abord un croquis, puis un lineart, on met les applats puis on ajoute les nuances : zones d’ombre et de lumière, détails. On efface, on ajuste, on refait etc. … C’est en tout cas comme ça que je vois mon écriture.
Objectif : dégrossir le travail de réécriture
Durée : de plusieurs jours à plusieurs mois (voire années, soyons fous)
2ème étape : réécrire/remodeler
Etape actuelle de mon roman Abysses ! On prend les mêmes et on recommence ! Mes passages sont bien tous identifiés, je reprends mon document, je mets Scrivener à côté et c’est parti. Page par page, chapitre par chapitre, j’efface, je recommence, efface de nouveau, remodèle, ajoute, enlève… Bref, je fais peau neuve (ou table rase, c’est selon). Cette étape est je trouve la plus délicate, parce qu’il faut faire très attention à ne pas créer de nouvelles incohérences. En général, j’ai de grosses périodes de doute à ce moment-là. Je me dis que mon texte est nul, que personne ne lira ce torchon, que ma vie est pourrie tout ça tout ça… J’efface une bonne dizaine de fois des pans entiers d’histoire en râlant et me réfugie dans le café et le chocolat.
Bon évidemment, je grossis (un peu) le trait. J’ai beau le dépeindre comme quelque chose d’abominable, j’aime beaucoup cette étape parce que ça me permet d’entrevoir la forme définitive que peut prendre le roman. Puis bon, il y a pire que de prolonger l’instant avec ses personnages ^^ Souvent, c’est à ce moment-là que je me rends compte qu’ils évoluent, souvent dans une direction que je n’avais pas prévue, d’ailleurs. Certains se révèlent, d’autres s’effacent… C’est toute la magie du processus.
Objectif : approcher d’une forme définitive du roman
Durée : idem que l’étape précédente
3ème étape : relecture de l’ensemble
On y est ! Mon roman est remodelé, certains passages ont été entièrement retravaillés, tout ce beau monde est en place… Ouf, le plus gros est fait (mais si mais si). Maintenant, il faut relire le texte, encore et encore, pour vérifier que je n’ai pas créé de nouvelles incohérences ou que je n’ai rien oublié. Je checke aussi ma “to do list” pour voir si toutes les modifications ont été faites. Avant cette étape, en général, je laisse reposer un peu le texte, pour une nouvelle fois prendre du recul. Ensuite, je réajuste ou non selon ma relecture.
Objectif : traquer les derniers défauts de fond
Durée : aléatoire selon le « temps de repos »
4ème étape : exit les dernières fautes d’orthographe et de grammaire !
Mon roman est tout beau, mais pas forcément tout propre encore. Je le passe donc à la moulinette, j’essaie de repérer les dernières mauvaises tournures, fautes d’orthographe et de grammaire, c’est l’étape que j’aime le moins, y a pas à dire !
Objectif : avoir un manuscrit le plus propre possible
Durée : un ou deux jours
5ème étape : les bêta-lecteurs
Voilà, le manuscrit est clean mais maintenant, qu’est-ce-que j’en fais ? Je le soumets à l’œil attentif de lecteurs extérieurs bien sûr ! On a beau essayer d’être toujours le plus objectif possible, notre roman c’est notre bébé et quand on n’a pas une grande expérience de l’écriture (même après, ceci dit), c’est important de demander à quelqu’un de nous relire.
Comment le choisir ? D’abord, exit la famille et les potes. Soit ils ne vont jamais le lire (alors qu’ils ont pourtant réclamé le manuscrit à cor et à cri), soit ils n’auront pas d’avis 100% objectif (ou très rarement, dans mon cas). Personnellement j’essaie de trouver des personnes les plus éloignées possibles de mon processus d’écriture et surtout qui ne me connaissent pas intimement. Quelqu’un qui ne connaît Abysses que de nom, par exemple, ou les grandes lignes de l’histoire. Encore mieux, quelqu’un qui n’a pas l’habitude de lire de la science-fiction par exemple ou au contraire, quelqu’un qui ne lit que cela. Chaque retour est toujours intéressant et plus il y a d’avis, mieux c’est. Alors bien évidemment, en tant qu’auteur, c’est une étape difficile à appréhender selon sa personnalité. Les bêta-lecteurs vont lire, analyser, pointer du doigt ce qui ne va pas et on pourrait avoir tendance à le prendre mal, ou se décourager. Je dirais qu’il n’y a pas de miracle pour ça, il faut savoir prendre sur soi et garder à l’idée qu’on ne vous juge pas vous en tant qu’auteur, mais qu’on se focalise sur le texte lui-même.
Objectif : soumettre le roman à des lecteurs potentiels
Durée : aléatoire
6ème étape : ultimes corrections
Cette phase se fait en fonction des retours de l’étape précédente mais sauf si ce qu’on a écrit est parfait, il y aura toujours des modifications à apporter. Libre à moi de suivre ou non les indications de mes bêta-lecteurs, je suis seule juge. Libre à moi également de le leur renvoyer le texte corrigé par la suite pour avoir de nouvelles indications. Dans tous les cas, je préfère bien écouter mes bêta-lecteurs car après tout ce sont les premiers lecteurs et ils auront forcément des remarques intéressantes à faire passer.
Objectif : perfectionner son manuscrit
Durée : quelques jours/semaines
7ème étape : et ensuite ?
That’s the question ! Franchement, je n’ai pas encore décidé. Je ne vais pas mentir, je ne vais pas dire que je ne suis pas curieuse et que je ne vais jamais envoyer mes manuscrits à un éditeur. Bien sûr que, comme la majorité des auteurs, j’ai envie d’avoir un avis professionnel sur ma production. Pourtant, je ne suis pas certaine de vouloir passer uniquement par des circuits classiques. J’ai envie d’expérimenter l’auto-édition, découvrir toutes les étapes de conception du livre par moi-même et me faire ma propre idée. J’en suis encore au stade de réflexion, même si je suis quasiment sûre d’envoyer Abysses à quelques maisons d’édition. Après tout, cela n’engage à rien ! Je n’ai cependant pas l’ambition (pour l’instant du moins, il ne faut jamais dire jamais) de me professionnaliser ou de vivre de ma plume. Mon objectif, c’est surtout me faire plaisir puis partager ce plaisir ensuite avec le lectorat qui le voudra. J’avoue que j’espère garder toujours cet état d’esprit, cela rend plus libre pendant l’écriture et même bien après ^^
Pour conclure : quelle que soit la méthode choisie, la meilleure restera celle qui nous est propre. Pour élaborer la mienne, j’en ai testé bon nombre jusqu’à trouver celle qui me correspondait à 100%. Pour terminer cet article je récapitule ci-dessous les différents outils qui me permettent de mener à terme mes romans, si cela peut vous aider, sait-on jamais ! Si vous souhaitez un article sur l’un d’entre eux, n’hésitez pas à me le faire savoir ☺
Logiciels utilisés pendant toute l’élaboration du manuscrit : Scrivener (fiches personnages, synopsis, découpage des chapitres), Antidote (corrections orthographiques et grammaticales), Word (traitement de texte).
Références : Ecrivez un roman en trente jours, de Chris Baty, Ecriture, de Stephen King, mes multiples lectures.