Ces derniers temps, je suis tombée coup sur coup sur quelques interviews d’auteurs (auto-édités ou non), interrogés sur leur rapport à l’écriture et leurs raisons d’écrire. Certains d’entre eux ont soulevé le fait de ne pas comprendre leurs consœurs et confrères écrivant pour eux-même.
Cela m’a beaucoup parlé, parce que je fais partie de cette catégorie : j’écris pour moi, avant de décider si je partage ou non.
Voilà donc le sujet d’article du jour, à chaud, sans réflexion philosophique profonde. Brut de pomme, juste avec mes tripes.
Je l’écrivais dans ma présentation, ma relation — presque fusionnelle désormais — avec l’écriture a d’abord débuté par la lecture.
Je maîtrisais la lecture dès la dernière section de maternelle et j’ai eu la chance d’avoir des parents amoureux des livres qui me racontaient des histoires chaque soir. J’ai découvert La case de l’Oncle Tom, Les malheurs de Sophie, La Petite Princesse, Tom Sawyer et tous ces classiques de la littérature jeunesse alors que je ne connaissais aucune de mes tables de multiplication. Cette passion des mots et du texte a très vite déclenché une boulimie de lecture chez moi. Je lisais tout le temps, partout, du lever au coucher. Même le paquet de céréales y passait, hors de question de ne pas lire, pas même pendant cinq minutes.
Puis, je me suis rendue compte que dans ma famille, on écrivait. Pas pour être édité, non, on écrivait. C’est tout.
Alors j’ai décidé de faire pareil. J’ai élaboré des bribes de textes sur mon journal intime, je me mettais en scène dans des histoires en relation avec mes crushs de l’époque, j’inventais des combats épiques avec des araignées (oui, je vivais en Outre-Mer) bref… C’était le début de la fin, en gros.
Plus tard, portée par la plume de la Comtesse de Ségur, de Mark Twain ou même, déjà, de Stephen King, j’ai décidé de m’essayer à la fiction. Au fil des années, même si je ne les écrivais pas toujours, je n’ai jamais cessé d’inventer des histoires. Elles ont eu un effet multiple sur moi : mon envie des livres s’est accrue mais surtout, ces péripéties secrètes n’existant que dans ma tête m’ont permis de m’évader. Grâce à elles, j’ai pu passer de très lourdes périodes d’angoisses sans dommage, j’ai aussi vaincu l’insomnie plusieurs fois : j’avais mon aventure doudou, que j’enrichissais chaque soir où il m’était difficile de dormir et qui continue encore maintenant, vingt ans après.
Je n’ai “publié” mon premier texte (sur internet) qu’à l’âge de dix-sept ans. Cela faisait plus ou moins dix ans que j’en créais.
J’ai aimé cette expérience, mais je n’étais pas à l’aise. Pour moi, dévoiler son écriture, c’était dévoiler son intimité. J’ai donc cessé ensuite, n’envoyant mes histoires qu’à quelques personnes qui me connaissaient assez pour y avoir droit.
Puis, j’ai traversé une très très longue période sans écrire. Je n’y arrivais plus, pour plein de raisons.
Je n’ai repris que très récemment. Il m’a fallu du temps, réapprendre à trouver les mots, à décrire ces flots dans ma tête, à dompter ce besoin viscéral d’exorciser. J’ai réussi et je suis désormais bien plus sereine.
Voilà, l’écriture, pour moi, c’est ça. Coucher sur le papier ou sur l’écran des mots, des émotions, un trop-plein que je n’arrive pas à endiguer.
Ensuite, je décide de le rendre public. Ou non, car certaines choses ne peuvent pas être partagées.
Alors oui, je ne gagne pas d’argent avec mon écriture. Oui j’ai peu de chances de m’améliorer, de vendre, d’en vivre, de me constituer un lectorat, d’avoir des centaines de vues sur mon site, mais qu’importe. Quand je partage un texte, je le fais avec tout l’amour du monde, parce que mes personnages peuvent parler à quelqu’un et, peut-être, l’aider au moment où il en a besoin.
Peu importe si je sors un texte dans l’année. Ou deux, ou trois. Je n’écris pas dans le but de plaire et c’est, à mes yeux, ce qui fait la différence. J’aime les livres qui me rappellent des choses, qui me parlent et si j’ai pu, un jour, parler moi aussi à quelqu’un, l’objectif sera largement atteint.
Rozenn
Tiens, j’ai un brouillon dans mon blog qui parle un peu de la même chose, faudrait que je le termine. Bon, après, si la conclusion est la même, mon rapport à l’écriture est différent 🙂
Bref, tout ça pour dire qu’il faut partager si on a envie, ou pas, et comme on en a envie, le faire gratuitement, payant, sur papier, en ligne, raconter ce qu’on veut, et c’est vrai qu’il y aura forcément quelqu’un qui sera touché, un jour. Et puis on ne sait jamais, les choses peuvent changer ensuite et tu sortiras plein de livres chez des éditeurs, qui seront des best sellers, on fera un film avec Abysses et tout ! 😀
Sophie Castillo
Owi il faut que tu le termines <3
C'est vrai que je doute beaucoup/souvent mais au final, quand j'y réfléchis, quand je me demande ce qui m'anime vraiment dans l’écriture, c’est ça. Partager si j’en ai envie, quand j’en ai envie et peut-être qu’un jour ça évoluera (han un film Abysses, ce serait le pied !), mais en attendant, si je suis heureuse comme ça, eh bien ma foi c’est l’essentiel !