[Travailler avec] un·e illustrateur·ice

miroirs

Nouvelle année, nouvelle catégorie ! Cette année, j’ai envie de vous parler de mes relations avec les différents prestataires qui interviennent sur mes bouquins. Car oui, être auto-édité·e ne signifie pas forcément tout faire seul·e dans son coin. Ça peut, bien sûr, pour plein de raisons et en majorité par manque de budget. Toutefois j’ai la chance de pouvoir me le permettre et c’est une partie que j’adore : trouver des partenaires de travail, découvrir leur savoir-faire et s’allier pour rendre l’objet final le plus parfait possible. Je vais donc consacrer cette série d’articles à ces échanges et vous dévoiler les coulisses de la création de mes bouquins. On commence avec le processus de travail sur la couverture de Miroirs, par Anne-Sophie Hennicker avec son autorisation.

Attention, tout ce qui sera dit dans cette série d’articles sera basé sur ma propre façon de faire. Tous les illustrateur·ice·s ne fonctionnent d’ailleurs pas comme Anne-Sophie, vous pourrez le constater dans l’avenir 😉

Définir ce que l’on souhaite / l’identité de son bouquin
Pour moi, il est important en premier lieu de définir ce que l’on veut. Contacter un prestataire sans avoir ne serait-ce qu’une petite idée au départ n’est pas quelque chose d’envisageable et s’apparente à une perte de temps à la fois pour elle/lui et à la fois pour moi. À plus forte raison pour une couverture.
Comment on le définit ? Tout dépend. Le cas de Miroirs était particulier, car nous étions deux autrices sur cet ouvrage. Heureusement, Rozenn et moi avions déjà des univers similaires et sommes toutes les deux ouvertes aux suggestions. Il faut savoir de plus que, contrairement à ma co-autrice, je suis le genre de personne qui a besoin d’avoir une idée de l’univers visuel avant même de me mettre à écrire. Quand est venu le moment de réfléchir à la couverture, donc, j’avais déjà une petite idée de ce que j’imaginais pour ce texte : la nuit, par rapport au rêve, un sous-bois, du bleu, deux silhouettes. J’ai fait une première ébauche (moche) que j’ai soumise à Rozenn sous la forme d’un moodboard (ma passion ). Celle-ci a aimé l’idée et a refait un croquis (vachement moins moche) avec quelques modifications. Nous nous sommes mises d’accord très vite et la prochaine étape était : contacter l’illustratrice choisie.

Moodboard

Rechercher la personne
Je fais une parenthèse ici sur la recherche de prestataire. Pour Miroirs, nous savions vers qui nous tourner car je travaillais déjà avec Anne-Sophie, que j’ai connue sur Twitter. Je vous laisse fouiner sur le site, j’ai montré ses illustrations à plusieurs reprises, notamment pour Ceux qui restent. Si vous souhaitez travailler avec un·e illustrateur·ice, les réseaux sociaux en général sont de bons vecteurs via des hashtags comme #PortfolioDay #Illustration…
Vous avez sinon des sites spécialisés comme ArtStation ou DeviantArt (même si plus trop à la mode), par exemple. De manière générale, Internet regorge de talents, n’hésitez pas à fouiller !

Ayez une idée de vos critères de sélection pour votre recherche : budget, type d’illustration, univers graphique, taille souhaitée… Prenez le temps de regarder les sites des artistes et surtout, vérifiez bien qu’ils acceptent les commandes. Certain·e·s ne travaillent pas pour les particuliers, par exemple. Faites l’effort de lire leurs conditions, ne les contactez pas si c’est marqué noir sur blanc qu’ils ne prennent pas les commandes. Même si vous avez l’idée du siècle qui va tout révolutionner 😉

La prise de contact
Comme je le disais plus haut, les illustrateur·ice·s ne travaillent pas de la même façon et n’auront pas forcément les mêmes tarifs non plus. Inutile donc de contacter les personnes en leur disant que vous n’avez pas de budget, je vous recommande d’ailleurs l’excellent article de Tiphs à ce sujet. Ensuite : politesse et courtoisie, une description la plus précise possible de ce que vous souhaitez, éventuellement des exemples de couvertures qui vous plaisent (on ne demande pas de recopier le travail d’un autre, hein). Puis à vous de voir pour la suite des échanges. Vous vous mettrez d’accord sur les modes de paiement (certain·e·s demandent une partie au début du processus puis le reste une fois le dessin final validé, d’autres toute la somme d’un coup, d’autres encore le demandent à la fin…) et l’artiste vous expliquera sans doute sa façon de travailler, ainsi que le temps nécessaire à la réalisation de votre illustration.
Dans le cas d’Anne-Sophie, j’ai commencé par un contact sur les réseaux sociaux. Nous avons discuté du livre, je lui ai raconté brièvement de quoi ça parlait et lui ai envoyé les exemples que j’avais : croquis, moodboard. Pour d’autres illustrations, je lui avais fourni des références pour les personnages, par exemple. Tout ce qui permet à la personne de visualiser votre univers est fortement recommandé. Il est évident qu’une fois engagé, c’est mieux d’aller au bout, mon petit doigt me disant qu’après un brouillon, certain·e·s restent aux abonnés absents.

Le processus de couverture
Anne-Sophie est une illustratrice qui travaille (très) vite et (très) bien. Elle a envoyé une première ébauche de la couverture, que nous avons validée Rozenn et moi. Les points d’étape sont personnellement quelque chose que j’aime beaucoup, car cela permet d’ajuster au fur et à mesure de l’avancée de l’illustration. Je m’attache toujours à donner les changements majeurs au tout début du processus, même s’il y en a peu. Bien préparer son idée en amont permet de ne pas soumettre l’artiste à trop de modifications (bon, OK, j’ai un côté perfectionniste à dompter, aussi).

Concernant le titre, nous l’avons ajouté Rozenn et moi par la suite, grâce à une police d’écriture que Rozenn possède et qui allait à merveille avec l’ambiance du bouquin.
En tout, Anne-Sophie a mis deux-trois jours pour réaliser l’illustration. Sa fourchette de prix se situe entre 100€ et 400€ en fonction des projets. Cela peut-être plus s’il y a des droits d’exploitation à céder et en fonction de la complexité de l’illustration.
Dans le cas d’une couverture de roman, vous devrez signer un contrat de cession de droits avant de commencer. Les termes sont à discuter avec l’illustrateur·ice, qui reste propriétaire de son œuvre et cède en général les droits d’exploitation de son travail.
Je travaille avec une autre illustratrice pour Ceux qui restent, qui a l’habitude de signer une clause d’exclusivité si on le souhaite. C’est-à-dire qu’elle s’engage à ne pas réutiliser l’illustration réalisée ailleurs, car elle en reste propriétaire. Ceci moyennant un coût plus important, de fait.

En conclusion
Un travail de partenariat engage les deux parties. L’auteur·ice et l’illustrateur·ice ont, selon moi, un travail à part égales. Il leur appartient de respecter leurs engagements (préparation en amont, paiement/livraison du travail en temps et en heure…) et la communication est primordiale dans ce genre de relation. Personnellement, j’ai développé de très beaux liens avec les illustratrices qui travaillent sur mes projets et j’ai pu constater qu’une première expérience réussie développe une addiction malheureuse pour le porte-monnaie par la suite. La couverture est pour moi l’élément essentiel d’un roman, c’est ce qui va déclencher (ou non) la vente, et c’est je pense un très mauvais calcul de la négliger. Si vous n’avez pas les moyens de passer par un·e illustrateur·ice, vous avez des solutions gratuites, comme Canva, dont je parlerai dans un prochain article : Travailler avec un·e graphiste ! J’espère que la lecture de celui-ci aura pu vous être utile, n’hésitez pas à contacter Anne-Sophie Hennicker, surtout en ce moment où les artistes voient leurs revenus baisser, vous ne serez pas déçu·e·s !